Extrait de la Lettre Cybersécurité & Parlement sur le Pacte Défense Cyber ( juin 2014) – « 3 questions à »

Consulter la biographie de Christophe GUILLOTEAU, Député du Rhône, membre de la Commission de la Défense nationale et des Forces armées*, Président du groupe d’étude sur les industries de Défense 

1. La cyberdéfense est un sujet montant dans notre pays. En tant que parlementaire, que pensez-vous de l’initiative du Pacte Défense Cyber ?

La cyberdéfense est un élément fondamental de la politique de défense et de sécurité de notre pays. Posée par le Livre blanc de 2008 sur la défense et la sécurité nationale, elle a été déclarée priorité nationale par le Livre blanc de 2013. La loi de programmation militaire 2014-2019 poursuit en ce sens en dégageant 1 milliard d’euros de crédits budgétaires pour la cyberdéfense. Le Pacte Défense Cyber s’inscrit donc dans la continuité de cette volonté. En 2013, le seul ministère de la Défense a été confronté à 780 incidents informatiques significatifs contre 420 en 2012. On ne saurait dès lors questionner la pertinence de l’engagement du ministère sous l’impulsion du ministre Jean-Yves Le Drian. Je me suis personnellement engagé en tant que membre de la commission pour la rédaction du Livre blanc 2013, puis au sein de la Commission de la Défense nationale et des Forces armées et en tant que co-président du cercle parlementaire cyber, pour une politique volontariste en la matière. Le Pacte Défense Cyber constitue une étape positive et constructive dans la mise en œuvre de notre politique de cyberdéfense.

2. Le Pacte Défense Cyber détaille six axes d’intervention pour les acteurs de la cyberdéfense. Le deuxième axe concerne l’effort de recherche et développement, pourriez-vous en détailler quelques éléments ?

Président du groupe d’étude sur l’industrie de Défense, je me sens particulièrement concerné par la question. Je tiens tout d’abord à souligner l’importance du rôle de la DGA dans le soutien à l’innovation. En matière de cyberdéfense, il nous faut une base industrielle adaptée à nos besoins, compétitive et de confiance. Cet objectif implique notamment la mise en œuvre de process facilitant la recherche et développement de produits et services performants et le renforcement du tissu de PME/PMI innovantes, que nous devons être en mesure de soutenir. C’est un point fondamental sur lequel il faut être très vigilant, des initiatives de regroupement à l’exemple d’HEXATRUST en ce moment sont aussi à encourager afin d’accéder à une taille critique, nos PME/PMI sont trop petites et donc trop fragiles. Nous nous devons aussi de favoriser la création de champions nationaux qui sont un élément fondamental pour notre souveraineté. L’annonce par le ministre de la Défense de l’augmentation des projets dédiés au cyber financés par le dispositif RAPID est dans ce cadre un signal fort. Mais le Pacte Défense Cyber n’est pas une initiative isolée : le ministère de l’Economie met également un accent sur la cybersécurité à travers la feuille de route du plan Cybersécurité (Plan 33) pour une Nouvelle France Industrielle, qui est portée par l’ANSSI. Les objectifs vont dans le même sens, créant une synergie positive pour notre pays : développer le marché français, renforcer l’offre, accompagner l’export, consolider l’industrie nationale. C’est ainsi une véritable dynamique en faveur des entreprises françaises de cyberdéfense qui est mise en place.

3. Quel autre axe du Pacte Défense Cyber vous semble fondamental ?

Les ressources humaines sont aujourd’hui un élément clé pour la cyberdéfense de notre pays. Nous avons besoin d’hommes et de femmes qualifiés qui puissent répondre aux besoins croissants de notre Nation en matière de cyberdéfense. Et il ne s’agit pas là que du seul périmètre du ministère de la Défense, mais bien de celui de l’Etat dans sa globalité et de celui des acteurs privés, les OIV notamment. Le Pacte Défense Cyber met en avant cette dimension en encourageant la formation et la création de cursus adaptés. Les Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan et l’Ecole des Transmissions sont appelées à jouer un rôle important dans ce domaine. La création du Pôle d’excellence Cyber en région Bretagne est également un élément phare dans cette politique. Là encore, cet axe du Pacte Défense Cyber en faveur de la formation s’inscrit dans une prise de conscience globale de l’Etat en la matière, qui va, j’en suis sûr, favoriser la création de formations adaptées et faciliter les parcours professionnels en matière de cyberdéfense dans notre pays

*Christophe GUILLOTEAU est devenu Vice-Président de la Commission de la Défense nationale et des Forces armées au printemps 2015