Tribune extraite de la Lettre Cybersécurité & Parlement « Cybersécurité & Milieu Maritime » ( juin 2015)
Consulter la biographie de Philippe VITEL, Député du Var, membre de la Commission de la Défense nationale et des Forces armées
Aux pirates en mer se sont substitués les hackers. Et ces derniers espèrent tout autant que leurs homologues voler et détourner de leur cadre légal des informations, des données, et des infrastructures, afin d’en faire un usage frauduleux.
L’espace maritime français est, après celui des États-Unis, le deuxième plus vaste du monde. Il est donc un domaine privilégié de notre rayonnement et de notre influence, tant en termes économiques que militaires et diplomatiques. À titre d’exemple, 80 % des échanges commerciaux mondiaux se font actuellement par la voie des océans.
Afin de garantir la maîtrise de cet espace de puissance, la position française doit s’inscrire dans une politique plus audacieuse, qui prendra en compte les opportunités de croissance qu’offre ce domaine en pleine mutation, tout en ayant pleinement conscience des risques qui y sont liés.
Car, comme les autres domaines à forte composante économique, le milieu maritime n’échappe pas à la déferlante numérique qui est l’une des bases fondamentales de la croissance et du développement du monde contemporain. Or, comme les mers et les océans au XVIIe siècle, le numérique est un réseau connectant les continents, et il doit faire face faire à des menaces transverses.
Si l’utilisation de radars ou la numérisation des plateformes portuaires et des infrastructures maritimes facilitent et sécurisent les transports maritimes, et permettent plus globalement une meilleure efficacité et un rendement amélioré des activités maritimes, l’imbrication du numérique dans le domaine maritime pose néanmoins des questions essentielles en termes de sécurité.
Il est ainsi aisé d’imaginer les conséquences désastreuses que pourraient avoir une attaque informatique d’importance dans le système logistique d’un port, ou au sein des systèmes informatiques d’un navire militaire… Le milieu maritime doit désormais, lui aussi, se prémunir face aux risques numériques. Les enjeux sont réels, en termes d’influence et de puissance, et ne doivent pas être sous-estimés par les acteurs publics et privés.
Puissance maritime par sa taille, la France doit également l’être par les moyens qu’elle met en œuvre pour valoriser et protéger ce domaine clef.
Il y a en effet urgence à réagir et à faire coopérer les différents acteurs du milieu maritime, pour réponde de manière optimale aux différentes menaces. Une première étape a été réalisée en ce sens, lorsque l’État a élevé la cyberdéfense au rang de priorité nationale dans le Livre blanc de la défense et de la sécurité nationale de 2013. Les pouvoirs publics ont pris conscience de l’importance croissance du cyberespace à tous les niveaux opérationnels – terre, air, mer – et surtout, des nouveaux risques qu’il engendre.
Cependant, nombreux sont les efforts qu’il reste à faire pour protéger ce secteur particulier, qui contribue à notre rayonnement sur la scène internationale et à notre croissance économique. Aussi la cybersécurité en milieu maritime ne doit-elle pas être abordée sous le seul angle de la cyberdéfense, mais également être appréhendée du point de vue des acteurs économiques, locaux et nationaux.
A cet égard, il est aujourd’hui indispensable de mettre en place une stratégie de prévention auprès des acteurs du milieu maritime, afin de les préparer à anticiper et à lutter contre les risques et les menaces cybernétiques.